En Algérie, Ali Benflis, 75 ans, a la réputation d’être la bête noire de Bouteflika. Ce vieux briscard de la politique confirme cette étiquette en se présentant à la présidentielle pour la troisième fois. Après ses 6,4% des voix difficilement grappillées en 2004, il a presque doublé ce score, dix ans après. Ayant été victime des trucages électoraux qui lui ont inspiré les 278 pages de son «livre blanc sur la fraude» sorti en septembre 2014, il se présente aujourd’hui en candidat aguerri. Son objectif est de forcer le président sortant à prendre sa retraite, après 10 ans de «règne». De l’avis général, excepté celui de certains généraux algériens, Abdelaziz Bouteflika, 81 ans, en a bien besoin, au vu de son étant de santé qui s’est détérioré depuis son AVC survenu en 2013.

En étant le premier à avoir déclaré officiellement son intention de constituer un dossier de candidature à l’élection présidentielle, Benflis confirme sa détermination à ne plus (re)jouer les figurants. Même s’il précise aux médias de son pays que la question de sa participation à cette élection ne sera tranchée que lors d’une prochaine session du comité central de son parti Talai Al Hourriyet, l’ancien chef du gouvernement est bien parti pour que sa troisième candidature soit la bonne. Ses chances de l’emporter seraient plus grandes si la candidature du «fantôme» Bouteflika pour un 5e mandat se confirmait, comme l’avait laissé entendre le FLN en octobre dernier.

Respecté pour son engagement, son sérieux et son courage, cet avocat plaide pour des réformes à tous les étages en Algérie. Son cheval de bataille est la libéralisation de l’économie algérienne, avec l’abolition de la sacrosainte loi interdisant aux non-Algériens de posséder plus de 49% du capital d’une société domiciliée dans le pays.

Lors de la bataille qu’il avait livrée en 2014 contre Bouteflika et son puissant clan, l’outsider Benflis était l’un des premiers à avoir dénoncé «la vacance du pouvoir en Algérie». Il est désormais, sans conteste, le favori pour la combler.

C’est sûr qu’il ne sera pas le seul en lice. Aux dernières nouvelles, selon des médias algériens, six personnalités, dont les noms n’ont pas été divulgués, et cinq partis politiques – le Front El Moustakbal de Abdelaziz Belaïd, Talaie El Hourriyet de Ali Benflis, Rassemblement algérien, Ennasr El Watani et le Parti des jeunes démocrates – ont retiré les formulaires de candidature.

Les candidats ont, jusqu’au 4 mars, pour déposer leur dossier auprès du Conseil constitutionnel. La bataille sera sans doute rude, mais le changement est inéluctable.

Benflis en quelques dates

  • 1968 : devient, à 24 ans, juge au tribunal de Blida
  • 1969 : devient procureur
  • 1971-1974 : devient procureur général auprès de la cour de Constantine
  • 1983 : est élu bâtonnier de l’ordre des avocats de la région Est (Constantine)
  • 1987 : est élu bâtonnier de l’ordre des avocats de la région de Batna
  • 1987 : est l’un des membres fondateurs de la Ligue algérienne des droits de l’Homme
  • 1988-1991 : assure le poste de ministre algérien de la Justice
  • 1999 : dirige la campagne électorale de Abdelaziz Bouteflika qui porte ce dernier à la tête de l’Algérie
  • 2000-2003 : assure le poste de chef du gouvernement.
  • 2004 : Se porte pour la première fois candidat à la présidence
  • 2014 : Se porte pour la deuxième fois candidat à la présidence
  • 2015 : crée le parti Talaie El Houriat dont il est président
  • 2019 : Annonce son intention de se porter candidat pour la troisième fois à la présidence