L’entrepreneuriat a été sur toutes les lèvres lors de la conférence régionale de la Banque africaine de développement (BAD). Tenue à Rabat, cet évènement a été axé sur «le futur de l’emploi et le rôle de l’entrepreneuriat et des TPME» en Afrique du Nord.

 

Le ministre de l'Inclusion économique, de la petite entreprise, de l'emploi et des compétences a ajouté que l'action d'entreprendre ne devrait plus être synonyme d'un acte de création d'entreprises et d'emplois, mais elle devrait être "encouragée autrement" par les pouvoirs publics.

Et de poursuivre: "Nous nous sommes rendus compte lors de la crise du Covid-19 que le poids des technologies de l'information était crucial et déterminant dans la résilience d'un certain nombre de secteurs d'entreprise", relevant que l'action rénovée de l'Etat était également au cœur de la relance.

Il a ainsi souligné l'intérêt de redéfinir les paradigmes et l'approche vis-à-vis de l'entreprenariat à même de challenger l'action et l'encadrement de l'Etat des différents acteurs et des nouveaux types de partenariats, nécessaires pour faire du Maroc une vraie génération d'entrepreneurs.

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Cette génération d'entrepreneurs, a-t-il dit, est au cœur des modèles de transformation des pays, affirmant que le poids du capital immatériel est un élément de transformation des économies des Etats et des nations.

Et d'ajouter :"Nous sommes interpelés pour donner à nos jeunes un espace d'innovation, de création de richesse et un espace pour façonner l'économie de notre pays".De son côté, Nasreddine Nsibi, ministre de l'Emploi et de la formation professionnelle de la Tunisie, a indiqué que les gouvernements et les autorités publiques doivent orienter et accompagner davantage les jeunes dans leurs projets entrepreneuriaux et leur assurer les moyens nécessaires pour un futur meilleur de l'emploi.

Il a à ce propos souligné l'impératif de simplifier les formalités et procédures pour lever les obstacles face aux jeunes entrepreneurs. "L'urgence rend nécessaire que notre action soit concrète, qu'elle soit réalisée sur le terrain, et que ces actions soient stratégiques", a-t-il dit à cet égard.

Le ministre tunisien a également appelé à la mise en place d'un maximum de formations pour les jeunes avant d'entamer l'action d'entreprenariat, leur permettant de mieux répondre à leurs besoins et d'entreprendre réellement dans des domaines "auxquels ils croient".

L'objectif principal de cette conférence de haut niveau est d'offrir un espace pour faire le point sur les défis auxquels sont confrontés les travailleurs, les entrepreneurs et les très petites, petites et moyennes entreprises (TPME) au lendemain de la pandémie.

Cette rencontre de deux jours ambitionne également de définir une feuille de route générale pour accélérer la reprise en créant des opportunités d'investissement et d'entrepreneuriat.

Le Maroc et la Tunisie sur la même longueur d’ondes

Le Maroc et la Tunisie ont signé, mercredi 8 juin à Rabat, une déclaration conjointe pour soutenir la création d'emplois décents par l'entrepreneuriat, le développement des très petites, petites et moyennes entreprises (TPME) et les politiques d'emploi inclusives.

Paraphée par le ministre de l'Inclusion économique, de la petite entreprise, de l'emploi et des compétences, Younes Sekkouri et le ministre de l'Emploi et de la formation professionnelle de la Tunisie, Nasreddine Nsibi, dans le cadre de la Conférence régionale pour l'Afrique du Nord, cette déclaration constitue un appel pour un nouveau modèle de création d’emplois par des investissements dans l’entrepreneuriat et les TPME.

Dans une déclaration à la presse, en marge de la cérémonie de signature, Sekkouri a indiqué que cette initiative constitue un changement de paradigme fort, affirmant que cette déclaration de Rabat connait un engouement de plusieurs de pays africains, notamment l'Egypte et le Nigéria et bien d'autres.

 

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Le ministre a dans sens souligné la nécessité de passer par des réformes importantes. "Le Maroc est pleinement dedans, à travers un programme gouvernemental très ambitieux pour tout ce qui est entreprises innovantes, entrepreneuriat et TPE; d'abord par un cadre juridique adéquat, des financements nouveaux, un accès au marché renforcé et un accompagnement de qualité, en plus d'une grande stratégie d'appui à l'emploi et à la formation professionnelle pour aider les TPE à s'accrocher au marché et à être compétitives dans le cadre de la marche globale de l'économie nationale", a-t-il fait observer.

De son côté, Nsibi a relevé, dans une déclaration à la MAP, que l'appel de Rabat est "une sorte de consensus selon lequel nous allons travailler sur des problématiques communes auxquelles on fait face au Maroc, en Tunisie et dans la Région", notant que les deux parties vont pouvoir compter sur l'appui de plusieurs partenaires, notamment la plateforme MENA jobs, la Banque africaine de développement (BAD), la Banque mondiale, l'Agence française de développement (AFD) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

Concrètement, ça consiste à obtenir des emplois beaucoup plus résilients et résistants aux crises et basés sur les technologies de l'information et de communication, dans des secteurs porteurs actuellement dans l'économie mondiale, a fait savoir le ministre tunisien.

"On veut que nos jeunes aujourd'hui partent de leur pays respectifs à la conquête d'autres marchés dans le monde", a-t-il avancé, soutenant que les jeunes marocains et tunisiens sont qualifiés et capables d'être compétitifs à l'échelle régionale et internationale.

Aussi, on accorde beaucoup d'attention à l'entrepreneuriat et particulièrement les TPME, a poursuivi Nsibi, précisant qu'il s'agit de stratégie très porteuse en termes de rentabilité et de création d'emplois.

Ainsi, les deux ministères tunisien et marocain en charge de l’emploi sont conscients de la nécessité d’améliorer la conception et la mise en œuvre des interventions relatives au soutien et au développement de l’entrepreneuriat et des TPME, selon la Déclaration qui indique que les deux ministères tunisien et marocain en charge de l’emploi ont engagé des efforts dans la conception de politiques et de programmes publics visant à promouvoir l’esprit entrepreneurial et la croissance des TPME (réglementation, startup act, mécanismes de financement innovants).

"En même temps, sur la base de l’examen des expériences internationales et des résultats des évaluations d’impact existantes, on comprend certains des défis à relever notamment au niveau des programmes existants. C’est le défi des 3 S : Seuil (mise à l’échelle des programmes entrepreneuriat), Soutenabilité (financement PPP permettant aux ressources publiques de lever des financements privés) et Sélectivité (mieux cibler les entrepreneurs, les projets, les structures d’accompagnement dans une logique de performance)", souligne la même source.

Les deux ministères tunisien et marocain en charge de l’emploi ont envisagé un changement de paradigme dans leurs stratégies afin de placer l’emploi au centre du processus de développement économique et social. "Les deux ministères ont un rôle important à jouer en fixant des objectifs spécifiques en termes de création d’emplois au profit des différentes populations cibles et en orientant des investissements privés vers des secteurs économiques porteurs et des chaînes de valeur à fort potentiel", note ledit appel.

L'EMPLOI EN AFRIQUE DU NORD EN DÉBAT À RABAT

La réalisation de ces objectifs nécessitera la mise en place d’un plan d’action pour l’emploi intégré et inclusif qui s’articule autour des trois niveaux d’intervention à savoir, des politiques macroéconomiques et réglementaires visant à créer un environnement favorable aux investissements privés, des politiques et des programmes d’emploi visant à protéger les travailleurs, à les (re)mettre en relation avec les opportunités d’emploi et à faciliter les transitions sur le marché du travail de l’inactivité/le chômage vers des emplois décents et durables. Ceci en tenant compte des divers obstacles à l’égalité des chances, notamment pour les femmes et des politiques et programmes sectoriels/régionaux visant à promouvoir la transformation économique et à soutenir l’esprit entrepreneurial et le développement des TPME, et à soutenir la création d’emplois dans des régions et des secteurs spécifiques pour différents groupes de population, permettant ainsi l’inclusion sociale et l’égalité des sexes.

En termes de politiques sectorielles, régionales et d’emploi, les deux ministères marocain et tunisien ont identifié des réformes et des innovations stratégiques pour maximiser l’impact des programmes de promotion de l’entrepreneuriat et de développement des TPME sur la création d’emplois, à savoir, un cadre réglementaire favorisant la promotion de l’entrepreneuriat et le développement des TPME, des investissements stratégiques dans les chaînes de valeur à fort potentiel, pour créer des emplois décents en exploitant les opportunités commerciales pour les entrepreneurs et les TPME, y compris dans les régions défavorisées et des investissements stratégiques pour promouvoir l’émergence des TPME de différents secteurs.

Il s'agit aussi des partenariats public-privé (PPP) pour mettre en œuvre des fonds d’investissement qui mobilisent des ressources publiques et privées au profit de l’entrepreneuriat et la création d’emplois, des innovations dans les stratégies d’emploi pour mieux protéger les travailleurs, les aider à se connecter à de nouvelles opportunités d’emploi en adressant les obstacles à l’égalité des chances, et promouvoir, l’intégration du secteur informel, des systèmes de profilage statistique pour cibler le soutien aux différents types d’entrepreneurs, y compris ceux qui sont impliqués dans des start-ups à forte valeur ajoutée, de nouveaux systèmes de prestation de services d’appui, y compris la formation et l’accompagnement, selon une approche basée sur les performances et des systèmes de suivi et d’évaluation de pointe pour s’assurer que les différentes initiatives produisent les résultats escomptés, et introduire des mesures correctives si nécessaire.

Les deux ministères sont aussi conscients de la nécessité de mobiliser des ressources publiques suffisantes pour soutenir la conception et la mise en œuvre de ces orientations, fait savoir ladite déclaration. Cet appel est ouvert à tous les ministères en charge de l’emploi dans la région qui voudrait adhérer à cette dynamique.

Organisée par la BAD et le ministère de l'Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, la Conférence régionale pour l'Afrique du Nord jette les projecteurs sur les défis auxquels sont confrontés les travailleurs, les entrepreneurs et les TPME au lendemain de la pandémie. Cette rencontre de deux jours ambitionne de définir une feuille de route générale pour accélérer la reprise en créant des opportunités d'investissement et d'entrepreneuriat.

Emplois de qualité

La veille de la conférence co-organisé par son département et la BAD, Younes Sekkouri avait insisté sur la nécessité de créer des emplois de qualité pour une meilleure inclusion économique des jeunes. Le ministre s’exprimait, lundi 6 juin, à l’ouverture d’un séminaire de partage des résultats de recherches sur l'inclusion économique des jeunes à l'initiative de l'Agence Millennium Challenge Account-Morocco (MCA-Morocco) et le "Lab de l’Emploi Maroc" (MEL), dirigé par le Jameel Poverty Action Lab (J-PAL) au Massachusetts Institute of Technology (MIT) et Evidence for Policy Design (EPoD) à la Harvard Kennedy School et le "Policy Center for the New South" (PCNS).

 

"Il va falloir préparer de vrais emplois où il y a une vraie création de richesse et un vrai changement de perspectives pour les jeunes", a déclaré Sekkouri. "Les générations Y et Z ne cherchent pas la subsistance ou la survie", a fait remarquer le ministre, relevant que ceci ne correspond point à leur idéale de vie.

Il a, à cet effet, indiqué que les "NEET" (Not in Education, Employment or Training - des jeunes extérieurs à l'enseignement, à l'emploi ou à la formation, ndlr) représentent une partie importante de la jeunesse marocaine, faisant observer que l'inclusion économique des jeunes est une question fondamentale, dont les approches sur le terrain n'ont pas forcément montré leur efficacité.

Et de soutenir: "l'inclusion économique des jeunes est une question nouvelle dans l'architecture du gouvernement et le fait d'avoir érigé cette compétence en rang ministériel témoigne de l'importance qu'accorde le gouvernement à cette question".

Le ministre a, en outre, noté que le Royaume est sur la bonne voie pour instaurer la politique d'évaluation d'impact des politiques publiques, qui, selon lui, doivent s'enraciner davantage.

De son côté, le président du Policy Center for the New South (PCNS), Karim El Aynaoui a indiqué que le nexus entre la science, les politiques publiques et les citoyens, particulièrement les jeunes, revêt un intérêt crucial et capital pour le Maroc.

Ce nexus est un cycle permanent, a-t-il dit, soulignant l'intérêt de le pérenniser, en misant notamment sur les leviers de l'investissant sur le long terme et la formation.

El Aynaoui a également relevé que l'intérêt du PCNS dans le partenariat avec J-PAL de MIT, EPoD de la Harvard Kennedy School et MCA-Morocco réside dans la capacité de fabriquer du savoir et contribuer à instaurer la culture d'évaluation des politiques publiques.

La directrice générale de l’Agence Millennium Challenge Account-Morocco (MCA-Morocco), Malika Laasri a, quant à elle, tenu à remercier l'ensemble des initiateurs de cette rencontre qui a notamment pour but d'identifier certaines problématiques avec un certain niveau d'analyse des politiques publiques.

"Ce n'est pas une approche qui est limitée à l'emploi des jeunes", a-t-elle dit, relevant que ces analyses vont bénéficier également à d'autres secteurs.

Pour sa part, le directeur du département Maghreb et Malte à la Banque mondiale (BM), Jesko Hentschel a soulevé que la question de l'accessibilité aux données demeure importante à même d'accompagner l'instauration de la culture de l'évaluation des politiques publiques.

"Le future de l'emploi des jeunes est strictement lié à la croissance des très petites, petites et moyennes entreprises (TPMEs) dans le secteur privé", a fait observer Hentschel, ajoutant que "l'évaluation des politiques publiques est si nécessaire pour voir s'il y a du chemin pour cette inclusion économique des jeunes".

De son côté, Rema Hanna, professeure à la Harvard Kennedy School et co-directrice scientifique du Lab de l’Emploi Maroc, a mis l'accent sur l'importance d'améliorer l'efficacité des politiques publiques au Maroc. Le Lab de l'emploi au Maroc ambitionne de créer dans ce sens une culture d'utilisation des données probantes, à travers notamment des évaluations d'impact rigoureuses et le renforcement des capacités, a-t-elle fait valoir. Initié par l’Agence Millennium Challenge Account-Morocco (MCA-Morocco) et le "Lab de l’Emploi Maroc" (MEL), dirigé par le Jameel Poverty Action Lab (J-PAL) au Massachusetts Institute of Technology (MIT) et Evidence for Policy Design (EPoD) à la Harvard Kennedy School et le "Policy Center for the New South" (PCNS), en partenariat avec le ministère de l’Inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences et le Bureau de la Banque Mondiale au Maroc, ce séminaire a pour objectifs de partager les résultats de recherches internationales rigoureuses sur l’inclusion économique des jeunes et d’identifier de nouvelles pistes d’expérimentation et d’évaluation en vue d’éclairer l’élaboration et la conduite de politiques publiques favorisant d’inclusion économique des jeunes au Maroc.

L’organisation de ce séminaire s’inscrit dans le cadre de l’initiative d’appui à l’évaluation des politiques de l’emploi et du marché du travail au Maroc, déployée au titre de l’activité "Emploi" relevant du programme de coopération "Compact II", conclu entre le gouvernement du Royaume du Maroc et le gouvernement des Etats-Unis d’Amérique, représenté par Millennium Challenge Corporation (MCC).

 

Cet événement est le fruit d'un travail préparatoire et d’une réflexion collective associant les acteurs clés du marché du travail, à travers l’organisation de trois tables rondes portant sur les thématiques "Education et Formation des jeunes", "Aide à la recherche d’emploi et la transition des jeunes vers le marché du travail" et "Inclusion des jeunes et aide à la création d’emploi", tenues respectivement les 20 avril, 10 mai et 23 mai 2022.