Installé dans la Grande Pomme, Hisham Oumlil a gravé son nom dans la mode en lettres d’or. Coup de projecteur sur un passionné made in Casablanca.

Nichés en plein Manhattan, les ateliers de ce styliste à la physionomie énigmatique répondent aux velléités d’indépendance d’une clientèle masculine en quête d’autre chose. On vient dans ses locaux pour se distinguer des fashionistas ou des coupes ennuyeusement guindées. Ancien directeur du sur-mesure chez Loro Piana, il décide de créer sa propre maison en 2006. Habiller ces messieurs comme ils méritent de l’être est un défi qu’il relève haut la main.

« La plupart d’entre eux sont inconfortables avec l’idée de s’exprimer à travers leurs vêtements. Ils préfèrent jouer la carte de l’utilitaire. D’autres ont peur d’avoir l’air superficiel en s’attardant trop sur leurs apparences. Déconstruire de tels réflexes demande du temps » nous explique-t-il. Un temps qu’il a plaisir à prendre au nom d’un esthétisme à la fois classieux et branché. « Dans ce métier, il faut avoir des standards. Tissus, finitions, coupes, ajustements, je ne sacrifie jamais l’un au détriment de l’autre. Il y va de ma dignité et de ma sanité d’esprit » lance-t-il l’air intransigeant. Portés par les moguls de la finance new yorkaise et le gratin du show business, ses costumes parlent d’eux-mêmes. Même Oliver Stone a été converti !

Malgré une clientèle triée sur le volet, Hisham Oumlil l’admet, la mode s’est largement démocratisée. « N’importe qui peut s’y mettre avec un minimum de capitaux. La démarche est artistiquement moins complexe qu’avant, car ce sont les directeurs marketing qui font désormais les marques » rapporte-t-il, un brin nostalgique. L’habitué des Fashion Weeks maîtrise son univers sur le bout des doigts et…des ciseaux. Dans une jungle de noms et de sigles, cela vaut son pesant d’or.

Quand on lui demande qui sont ses références, deux noms fusent spontanément « J’ai toujours eu un faible pour les créateurs de mode porteurs de messages. Feus Vivienne Westwood et Yohji Yamamoto étaient de cette trempe-là.  La première grâce à son autonomie et à son engagement politique, le second par sa résilience et son romantisme. Chacun a prouvé à sa manière que l’on pouvait continuer à réaliser des chefs-d’œuvre des décennies après ». Amateur de vêtements seconde peau, le styliste sait aussi fouiller dans les chromatiques et revenir les bras chargés d’audacieuses trouvailles. « Je cherche à allier les couleurs et riches textures nord-africaines à un minimalisme typiquement européen, avec New York comme toile de fond ». Rien que ça !