Le vice-président de l'Institut espagnol Coordinates pour la gouvernance et l'économie appliquée prévient du double scénario d'instabilité au qui permettrait à la Russie d'avoir un nouveau moyen de pression sur l'Union Européenne : le Sahara au Sud après l'Ukraine au Nord, aggravant la crise d'approvisionnement énergétique.

Profitant de l’accaparement de l’attention de l’Europe et des Etats-Unis par l’invasion russe en Ukraine, l’Algérie inonde de pétrodollars l’Iran et la Russie pour l’établissement de bases militaires au Sahel, prévient l'Institut espagnol Coordenadas pour la gouvernance et l'économie appliquée dans cet article publié ce mardi 6 mars sur son site web.

«Alors que le drame humanitaire au Nord concentre toute l'attention politique et médiatique des Etats-Unis et de l'UE, la situation au Sud est perçue comme quelque chose de lointain et de culturellement étranger à l'Occident», souligne Jesús Sánchez Lambás dans un article intitulé «La tension géopolitique monte autour de l'alliance de l'Algérie avec la Russie et l'Iran pour contrôler le Sahel».

L'inquiétude de l'Union Européenne et des Etats-Unis concernant les relations de plus en plus étroites entre l'Algérie, la Russie et l'Iran grandit. Plusieurs rapports de l'UE et des informations journalistiques rapportées par des médias tels que CNN ou Le Monde indiquent que l'intention du régime algérien est de faciliter l'installation de bases militaires russes au Sahel avec l'aide de l'Iran.

Le régime algérien recevrait un approvisionnement important en drones de l'Iran, qui iraient directement à la milice armée du Front Polisario, un groupe qui jouit du soutien des autorités algériennes, dans sa lutte contre le Maroc.

L'Iran, qui opère  de manière similaire en approvisionnant le groupe terroriste Hezbollah, entend implanter la branche la plus radicale de son islamisme au Sahel et au Sahara, en recourant à  l'appui du système militaire algérien.

Coordinates cite le quotidien français Le Monde qui a révélé le feu vert donné par le gouvernement algérien au groupe de mercenaires Wagner (qui combat actuellement en Ukraine sous les ordres de Poutine) à pénétrer au Sahel pour atteindre le Mali. Cette présence a conduit au départ de la France de ce pays africain et a porté un coup dur à la coalition dirigée par les États-Unis pour mettre fin au terrorisme dans la région, note l’institut.

Autres indicateurs inquiétants : Le gouvernement algérien est devenu un allié sûr de la Russie qui l’approvisionne en armes pour un montant de quelque 10 milliards de dollars. C’est ce qui permet à Poutine de financer sa guerre contre l'Ukraine. Pour l'année 2023, l'Algérie prévoit d'allouer 23 milliards de dollars à l'achat d'armes, dont plus de la moitié serait de fabrication russe, précise la même source.

Rappel

En septembre 2022, les Etats-Unis exprimaient déjà leur inquiétude quant au financement par l'Algérie de la guerre de la Russie contre l'Ukraine et réclamaient l'application de sanctions contre ce pays d'Afrique du Nord, rappelle Coordinates.

L'alliance militaire s'est traduite  ces derniers temps  par les manœuvres conjointes, principalement maritimes, menées entre les deux pays en Méditerranée, selon la même source. Il a été également rappelé qu’Alger a mis ses ports et ses navires à la disposition de la Russie et a également participé à d'autres exercices militaires menés par les deux pays dans le passé, tant dans le Caucase qu'en Sibérie, ainsi qu'en Afrique du Nord.

Jesús Sánchez Lambás alerte les puissances occidentales qui doivent, selon le vice-président de l'Institut Coordenadas, anticiper la catastrophe prévisible en renforçant leurs relations avec les rares partenaires fiables dans la région, comme le Maroc. Pour lui, «il commence à être tard».